France Un accueil dramatique des mineurs isolés
Le nombre d’enfants parmi les exilés ne cesse d’augmenter.
Aujourd’hui, en Europe, plus d’un exilé sur 3 est mineur.
Parmi ces enfants et adolescents, certains sont seuls, sans leurs parents. Ce sont les « mineurs non accompagnés » (MNA), aussi appelés « mineurs isolés étrangers » (MIE).
Si certains ont quitté leur pays d’origine seuls, d’autres ont été séparés de leur famille durant leur parcours migratoire. Quelques-uns cherchent à rejoindre un membre de leur famille dans un autre pays, d’autres s’arrêtent en France.
Tous sont des enfants et adolescents en danger qui ont besoin d’être protégés et devraient l’être, en vertu de la Convention internationale des droits de l’enfant de 1989 et la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, toutes deux ratifiées par la France.
Suspectés plutôt que protégés
Censés bénéficier de la protection de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE), ces mineurs sont en fait accueillis par une politique généralisée de suspicion, où la présomption de majorité ou de fraude est quasi-systématique.
70% de ceux qui sont évalués se voient refuser une prise en charge au titre de la protection de l’enfance au motif qu’ils ne seraient pas mineurs ou isolés.
Non reconnus comme tels mais pourtant pas majeurs, ils ne peuvent bénéficier des dispositifs pour adultes. Ils passent souvent de longs mois à la rue, livrés à eux-mêmes, sans statut administratif, dans des conditions de vie et d’accès aux soins et aux droits déplorables.
Leur état de santé, déjà dégradé par leur parcours de vie, empire encore et ils sont exposés à de nombreux risques.
Ceux qui le peuvent saisissent la justice en espérant voir enfin reconnaître leur minorité et être protégés et accompagnés jusqu’à leurs 18 ans.
Près de la moitié de ces enfants et adolescents qui contestent la décision de refus de prise en charge sont finalement reconnus mineurs par la justice.
Etat des lieux
30%
seulement des mineurs non accompagnés sont reconnus et protégés comme tels.
Nos actions
1 800
C’est le nombre d’enfants et d’adolescents non accompagnés accueillis et pris en charge par MdM en 2018.
Evaluations à charge
S’ils sont incohérents, c’est qu’ils mentent, mais si leur récit est trop clair, c’est qu’ils mentent aussi !
Mathieu Quinette
Coordinateur du programme « Migrations, Droits, Santé » MdM
Délégation Pays de la Loire
RÉCIT d’une maltraitance institutionnelle Tony, 16 ans
Tony, mineur non accompagné, est suivi par les équipes de Médecins du Monde. À son arrivée, il se plaint d’une baisse rapide de la vision. Pourtant, du fait de sa situation administrative, il sera laissé sans protection et sans soins, au risque de devenir aveugle.
Un exemple parmi tant d’autres des conséquences dramatiques de la maltraitance institutionnelle de ces jeunes isolés en France.
Nos combats auprès des MNA
Soigner et protéger
Au travers de nos programmes dédiés à ce public à Caen, Nantes, Paris et Rouen mais aussi dans ses centres d’accueil et de soins, Médecins du Monde a rencontré en 2018 plus de 1 800 enfants et adolescents non accompagnés dans 20 villes de France.
Par des lieux d’accueil, des consultations et des activités psychosociales, nos équipes apportent un soutien psychologique, médical et social à ces jeunes sans protection ou faisant face à des difficultés dans le cadre de leur prise en charge.
Au delà du « secours immédiat » nous menons aussi un combat politique pour témoigner de ces situations, les documenter et les porter en justice pour faire évoluer cet accueil.
Témoigner
Nous souhaitons interpeller les autorités locales et nationales pour contribuer à l’amélioration des politiques publiques et faire évoluer le droit et les pratiques en vue de faciliter l’accès aux soins et promouvoir l’effectivité des droits des mineurs non accompagnés.
Accès aux soins
Médecins du Monde mène régulièrement des actions judiciaires auprès des tribunaux afin que des mesures de protection soient appliquées et les droits des mineurs non accompagnés protégés.
TémoignageLouise, psychologue
Louise est psychologue et bénévole au sein du programme de Nantes dédié aux mineurs non accompagnés, afin d’y proposer des consultations d’écoute.
Elle témoigne des conséquences de l’exil, du parcours migratoire et des conditions d’accueil en France sur la santé psychique de ces mineurs très vulnérables.
Il est temps d'en finir avec cette logique de suspicion
Nous demandons :
- Un accueil inconditionnel de toute personne se présentant comme mineur non accompagné avec mise à l’abri immédiate
- Un temps de répit pour permettre l’information sur les droits et la mise en place d’un parcours de soins avant toute évaluation
- Une évaluation bienveillante de la situation, dans le respect de la présomption de minorité
- Un accompagnement dans l’accès aux droits à la santé, à l’éducation, à l’asile, à l’état civil
- Une protection jusqu’à la décision définitive des autorités judiciaires
#EnfantsAvantMigrants